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Grand Prix de bibliophilie Jean et Simone Lurçat - Académie des beaux-arts 2017

Sol y sombra, 17 gravures à l’eau-forte de Pierre Collin, accompagnées du poème de Pablo Picasso, 1er mars 1938

Postface d’Androula Michaël (historienne d’art) qui a écrit la présentation de Picasso, poèmes, ouvrage publié aux éditions du Cherche-Midi en 2005

Pour le poème de Pablo Picasso : © succession Picasso 2014

Editions l’Appuie-Tête, Conleau, avec le soutien de Bruno Schiphorst, Pêle-Mêle Diffusion, Vannes

Cet ouvrage est  assemblé en leporello (30 pages). Il a été tiré à 40 exemplaires, les numéros de 1 à 5 sont rehaussés à la tempéra.

Il a été tiré en outre, 6 exemplaires d’artistes destinés à l’auteur, à la préfacière et aux collaborateurs EA I à VI.
Mise en page et tirage des épreuves d’artistes Pierre Collin. Composition et impression des textes Thibault Le Guillou, Lorient

Impression des gravures  chez RLD par Dominique Guibert. Emboîtage réalisé par Jeanne Frère à Nantes. Achevé d’imprimer en 2014.

​Œuvre présentée : Pierre Collin, Sol y sombra, planche XIII du livre, eau forte, 30 x 37 cm, 2012-2014

Début de la postface d’Androula Michaël :

Pierre Collin, dans ses livres associe des textes à ses gravures. Cela relève de l’ordre d’une rencontre après coup et non d’une illustration. Il s’agit alors d’une parenté d’esprit qu’il fait sienne après la réalisation des gravures, d’une heureuse expression en mots de ce qu’il est en train de créer mentalement en images. Il appelle ces textes des « alliés » qui viennent faire écho à son imaginaire. Ailleurs, c’était Van Gogh, Georges Perec ou Jonathan Swift. Ici, c’est Picasso.

L’heureux hasard d’une telle rencontre avec le texte de Picasso du 1er mars 1938 s’impose à l’artiste comme une évidence. Ce poème soigneusement daté ne porte pas de titre. Si Picasso l’avait titré, on imaginerait volontiers qu’il aurait pu sans hésitation lui donner celui choisi par Pierre Collin pour la série de ses gravures : Sol y Sombra.

C’est sous le signe de la découverte d’un « je ne sais quoi » familier qu’on peut alors envisager ce face à face jubilatoire entre Pierre Collin et Picasso, qui n’a rien de fortuit et d’artificiel ; il est, au contraire, tissé des correspondances profondes qui ont tout pour stimuler le regard et la pensée bien au- delà des questions formelles.

Dès ses premières gravures, Pierre Collin est happé par le couple ombre et lumière et sa transcription en termes plastiques. Chez Picasso, image symbolique s’il en est de l’arène espagnole – côté ombre, côté soleil –, il réactive un ensemble de contraires qui lui sont sémantiquement équivalents : les éléments apolliniens et dionysiaques, rationnels et irrationnels, l’élévation et la chute. En somme, l’art et la vie, la vie et la mort, un combat perpétuel chez Picasso:«la vie à la mort la mort à la vie toute la vie», chantent en une litanie les quatre petites filles de sa pièce de théâtre éponyme.

Or, ni chez Pierre Collin, ni chez Picasso, il ne s’agit de déceler le négatif ou le positif dans ce couple de contraires ; leur opposition n’est pas envisagée pour être résolue. Ce qui prime au contraire, c’est leur tension toujours constante et le mouvement dynamique qui se dessine de l’un à l’autre. Cela prend un sens tout particulier quand on songe au travail du graveur et au processus qui lui est inhérent, à savoir le renversement de valeurs qui constitue la métaphore du rapport conflictuel et complémentaire entre les éléments Sol y Sombra.

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